Une coordination interfédérale pour mieux combattre le fléau de l’antisémitisme
Sur proposition de la secrétaire d’État à l’Égalité des chances Marie-Colline Leroy, le nouveau mécanisme de coordination interfédéral de la lutte contre l’antisémitisme a entamé ses travaux ce lundi 15 janvier.
Ce nouveau mécanisme interfédéral rassemble pour la première fois des représentants des différents gouvernements, de la communauté juive, des administrations concernées, Unia et le Vlaamse mensenrechteninstituut. Son objectif est de combattre l’antisémitisme de manière cohérente et coordonnée à l’échelle nationale.
C’est en 2004, à la suite d’une recrudescence d’incidents antisémites que la Cellule de veille en charge de la lutte contre l'antisémitisme a été mise en place au niveau fédéral. Elle a été conçue comme un endroit informel de collaboration et d’échanges entre les autorités et les associations. Ces travaux ont principalement porté sur la sécurité et la justice.
Sur proposition du Secrétariat d’Etat à l’Egalité des chances et à la Diversité, il a été décidé fin 2022 d’étendre les compétences de la Cellule et de la transformer en un Mécanisme de coordination national de lutte contre l’antisémitisme et, à terme, de travailler avec les représentants des entités fédérées. Objectif : lutter plus efficacement contre l’antisémitisme en travaillant de manière plus coordonnée. C’est ce projet qui a abouti ce lundi avec une première réunion officielle du nouveau mécanisme de coordination interfédéral de la lutte contre l’antisémitisme qui associe : les représentants du gouvernement fédéral (égalité des chances, justice, intérieur), les représentants des entités fédérées en charge des politiques de la lutte contre l’antisémitisme, leurs administrations, Unia, le Vlaamse mensenrechteninstituut et des représentants de la communauté juive.
Dans un contexte de résurgence des signalements d’actes antisémites, le nouveau mécanisme interfédéral permettra d’aborder de manière coordonnée les questions de sécurité mais aussi d’élargir les thèmes discutés à ceux qui ressortent des compétences des entités fédérées et qui peuvent avoir un impact concret sur l’antisémitisme notamment en matière de prévention (par exemple : l’éducation et l’enseignement).
Le mécanisme sera un lieu de dialogue avec la société civile, d’information, d’échanges et de monitoring sur les actions en cours. Il sera aussi un lieu de réflexions et propositions. Piloté par la Cellule Egalité des chances du SPF Justice, il sera un véritable lieu de coordination interfédéral de lutte contre l’antisémitisme. Le mécanisme se réunira à minima 2 fois par an en séance plénière et son travail se déclinera en groupes de travail thématique. Les premiers thèmes choisis sont l’éducation et la sécurité. A l’occasion du lancement du Mécanisme, les différents participants ont exprimé leurs ambitions au sujet de cette nouvelle dynamique :
La Secrétaire d’Etat à l’Egalité des chances et à la Diversité Marie-Colline LEROY : « Lutter efficacement contre l'antisémitisme est un travail sur le long terme qui nous concerne tous. Il est important d'unir nos forces afin de renforcer le travail de chacun et d'aborder le problème de manière globale : prévention dès l'école, sensibilisation, dialogue social, sécurité, poursuite… Le morcellement des compétences en Belgique est un problème qui impacte la lutte contre l’antisémitisme. Avec le nouveau mécanisme interfédéral contre l’antisémitisme, nous voulons améliorer l’efficacité des politiques menées face à ce fléau pour que chacun, chacune puisse avoir le droit de vivre dans la sécurité et la sérénité. Si l’actualité demande une vigilance particulière, les actes se nourrissent en permanence de discours haineux, stéréotypes, discriminations, auxquels il faut faire face de manière intégrée. C’est aussi l’objectif de ce nouveau mécanisme. »
Le ministre de la Justice, Paul VAN TIGCHELT : "Chacun a le droit d'avoir une opinion sur le conflit au Moyen-Orient, mais en ce qui concerne ceux qui sèment la haine ou commettent des actes de violence à l'encontre de nos concitoyens, nous sommes très clairs : cela ne sera pas toléré. Tous les services concernés s'efforcent de lutter contre l'antisémitisme sur tous les fronts. C'est pourquoi il est bon qu'un mécanisme de coordination interfédéral pour la lutte contre l'antisémitisme soit créé, afin que cette lutte puisse être menée de manière intégrale. En outre, le pouvoir judiciaire prend tous les rapports au sérieux et leur donne toujours une suite judiciaire. »
La ministre de l’Intérieur, Annelies VERLINDEN : « Avec le Mécanisme interfédéral de coordination contre l'antisémitisme, tous les niveaux politiques, les services, les partenaires et la communauté juive unissent leurs forces pour continuer à lutter contre l'antisémitisme. Ainsi, nous coordonnons les nombreux efforts existants et travaillons au sein de groupes de travail afin d'étoffer la prévention, la réaction et le suivi dans la lutte contre l'antisémitisme. Le ministère de l'intérieur coopérera activement avec tous les départements concernés afin d'apporter sa contribution à cette importante initiative. »
La ministre des Affaires étrangères Hadja LAHBIB : « Nous sommes riches de nos différences. Chaque citoyen, quels que soient ses origines, sa confession, ses choix de vie, doit pouvoir vivre en sécurité. La Belgique s’est construite dans la diversité. La haine, l’antisémitisme et toutes les formes d’exclusions n’y ont pas leur place. Les conflits internationaux et le recul des valeurs qui nous sont chères nous appellent à la plus grande vigilance. Les Affaires étrangères contribueront donc pleinement à ce mécanisme »
Frédéric DAERDEN, vice-Président et ministre de l'Égalité des chances de la Fédération Wallonie-Bruxelles : « Il était important que la Fédération Wallonie Bruxelles puisse participer pleinement à ce mécanisme de coordination interfédéral de lutte contre l’antisémitisme. En effet, par ses compétences, la Communauté française mène déjà toute une série d’initiatives et a une législation propre qui visent à sensibiliser les plus jeunes et les moins jeunes à ce fléau qui perdure depuis beaucoup trop longtemps au sein de notre société. Nous y travaillons dans nos écoles, nos organes de jeunesses, à travers la culture, etc. A l’heure où les extrêmes gagnent du terrain un peu partout en Europe et au cœur même de nos démocraties, il est fondamental de pouvoir mener une approche globale, intégrée et intégrale face à ce phénomène allant, de la sensibilisation à la sécurisation en passant par la prévention. Ce n’est qu’en prenant des mesures coordonnées au niveau national que nous pourrons éradiquer profondément ´ l’antisémitisme. »
Gwendolyn RUTTEN, ministre flamande de l’Egalité des chances : "Aucune forme de discrimination ne peut être tolérée. Il est bon que tous les gouvernements de ce pays s'engagent à lutter contre l'antisémitisme, entre autres choses".
Christie MORREALE, vice-Présidente du gouvernement wallon et ministre de l'Égalité des chances : « L’ensemble des Gouvernements et des administrations se sont investis dans ce nouveau Mécanisme interfédéral de lutte contre l’antisémitisme, ce qui démontre la volonté d'en faire une priorité. L’histoire nous a suffisamment montré à quel point la haine et le rejet de l’autre n’amènent que de la violence. Avec ce nouveau Mécanisme, nous réaffirmons collectivement notre volonté de garder le cap d’une société plus inclusive et respectueuse de chacun dans l'objectif de faire reculer ce fléau nauséabond et d'encourager le bien vivre ensemble. »
Nawal BEN HAMOU, Secrétaire d’Etat à l’Egalité des Chances à la Région de Bruxelles-Capitale : « L’antisémitisme devrait faire partie d’une histoire révolue. Pourtant, le combat est loin d’être terminé. La lutte contre l’antisémitisme fait partie intégrante de tous les dispositifs de lutte contre le racisme en Région bruxelloise. Nous continuerons à développer les actions nécessaires pour prévenir les amalgames et les actes de haine. Nous ne baisserons pas les bras devant les défis que cela nous pose : c’est prioritaire. Ce mécanisme interfédéral y participera sans aucun doute. Cette lutte concerne chaque personne et chaque niveau de pouvoir. Il était urgent de se coordonner et de mettre nos énergies en commun pour combattre l’antisémitisme ».
Barbara TRACHTE, ministre-Présidente de la Cocof : « Lutter contre l'incitation à la haine et les discriminations fait partie intégrante des priorités de la Cocof, que ce soit dans les écoles ou dans les associations qui en dépendent. En ces temps troublés, je me réjouis que ce mécanisme de coordination interfédéral de la lutte contre l’antisémitisme permette une plus grande cohérence et une plus grande vigilance dans les politiques menées, à Bruxelles comme ailleurs »
Antonios ANTONIADIS, vice-Président de la Communauté germanophone : "Je me prononce très clairement contre l'antisémitisme. Dans ce contexte, mon principe est le suivant : " quand le racisme pointe, il faut le stopper net. ". Nous devons lutter contre toutes les formes de racisme".
Pour Patrick CHARLIER, directeur d’Unia : « Nous demandons des investissements durables dans la prévention, la formation et la sensibilisation. C’est l’une des recommandations d’Unia dans un rapport à paraître (27 janvier). Ce rapport analyse les dossiers d’antisémitisme en Belgique sur une période de 5 ans (2018-2022). Nous y joindrons une annexe, où nous évaluons l’impact de la résurgence du violent conflit au Proche-Orient sur l’antisémitisme en Belgique. L’analyse des dossiers d’antisémitisme nous apprend que les discours et les actes de haine restent trop nombreux en Belgique. Pour Unia, l’antisémitisme doit être sanctionné par les cours et tribunaux sur la base des lois existantes ».
Philippe MARKIEWICZ, Président du Consistoire Central Israélite de Belgique : « La lutte contre l’antisémitisme, comme celle contre toute autre forme de racisme, doit constituer une priorité absolue dans une démocratie éclairée. La lutte contre l’antisémitisme implique la participation de tous. La lutte contre l’antisémitisme doit permettre à la communauté juive du pays de vivre en parfaite sécurité sans qu’elle ne doive, notamment, subir les effets de conflits extérieurs à la Belgique. »
Francine Esther KOUABLAN, Directrice du MRAX : « Dans le livre de la tolérance, chaque page déchirée par l'antisémitisme est une histoire tronquée, une leçon perdue. Écrivons ensemble un récit d'inclusion et de respect, où chaque chapitre célèbre la diversité, éteint les feux de la discrimination et arrache les racines de la haine. »
Kathleen VAN DEN DAELE, directrice d’association LEVL :« La lutte contre la discrimination structurelle ne peut être efficace que si tous les acteurs et tous les domaines politiques concernés sont alignés. Le mécanisme de coordination interfédéral s'appuie sur cette ambition d’une manière durable. LEVL croit fermement dans la puissance de la composition des membres actuelles du mécanisme interfédéral, qui impliquent directement la communauté concernée et ses représentants. En tant que défenseur de toutes les personnes d'origine étrangère, LEVL souhaite partager ses connaissances et son expertise spécifiques en matière de participation, de non-discrimination et d'exclusion au sein de ce mécanisme afin de contribuer à une société inclusive. »
Henri GOLDMAN, porte-parole de l’UPJB : « La communauté juive est aussi diverse que la société belge dans son ensemble. Reconnaître cette diversité interne est une des meilleures manières de battre en brèche les stéréotypes dont les Juifs et les Juives souffrent encore aujourd’hui. Mais si cette diversité est reconnue et respectée, le Mécanisme qui vient d’être mis en place doit nous permettre de travailler ensemble, c’est-à-dire la communauté juive et les différentes autorités politiques du pays, à faire reculer une des formes les plus anciennes et les plus tenaces de cette maladie sociale qu’est le racisme. »
David STEVENS, directeur général de l’Institut flamand des droits de l’homme : « L'Institut flamand des droits de l'homme, créé l'année dernière par le Gouvernement flamand, a également reçu ces derniers mois plusieurs plaintes, rapports et signaux d'un antisémitisme croissant dans la société. Grâce à nos contacts dans le monde éducatif flamand, nous constatons avec inquiétude que l'intolérance à l'égard de la communauté juive est en hausse. Si les écoles ne peuvent plus être des lieux sûrs où nos enfants peuvent grandir ensemble, nous devons tirer la sonnette d'alarme. L'Institut flamand des droits de l'homme coopérera donc avec conviction dans la lutte contre l'antisémitisme et pour une société tolérante pour tous les citoyens, indépendamment de leur religion, de leur philosophie de vie ou de leur origine. »